....bienvenue chez moi
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Bienvenue dans mon nouvel espace
"le crayon et la plume"
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lundi 27 juin 2016
dimanche 26 juin 2016
Un très beau dimanche !
"L'esprit ne vieillit jamais quand le sens de l'émerveillement emplit chaque jour de notre vie".
Bruno Leroy

Je vous souhaite un heureux dimanche
Et vous embrasse.
Den
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dimanche 19 juin 2016
dimanche 12 juin 2016
*Je cherche la lumière.....
Je suis né avec un oeil gauche presque mort. Le droit n'était pas bien vaillant. C'est avec celui-ci que j'ai découvert le monde et que je l'observe depuis soixante ans. Je l'ai fait travailler pour deux. J'ai tiré sur cet oeil plus que la chaîne sur le forçat. Je l'ai éreinté à scruter les dangers qui rôdaient dans la cour de l'école et encore plus dès que nous montions, deux par deux, dans l'ombre des classes où chaque livre s'ouvrait sur le brouillard.
J'ai fait de cet oeil une bête de somme. Il m'a protégé de tout, m'a prévenu de tout. Il m'a ouvert chaque jour les portes d'or du monde. J'ai croisé des millions de femmes, mon oeil droit les a toutes silhouettées, un peu dénudées, effleurées.. J'ai envie de me retourner sur chacune d'elles, ça ne se fait pas, je me retiens souvent. Je fais trois pas et je le regrette. Je me retourne trop tard. C'est une maladie, une obsession.
J'ai fait de mon oeil droit l'esclave et le complice de mes obsessions. L'esclave est harassé. Lentement il s'éteint. Je croise dans les rues des grâces irréelles, de longues fleurs de brume. Je me retourne sur la brume. Je pourrais les regarder pendant mille ans, c'est toujours une apparition.
La seule chose qui me rassure c'est que nous sommes en octobre et qu'il n'y aura pas d'école demain, ni les jours suivants. J'ai tellement eu peur de l'école, tellement redouté le mot octobre.
Mon oeil droit glisse doucement dans les vapeurs d'automne, demain personne ne m'interrogera. Il fait encore très doux le soir. Longtemps, je reste assis sur ma terrasse, au milieu des toitures. Des oiseaux aux ailes rouges se posent sur le chèvrefeuille ou le jasmin
bondissent sur mes chaises de jardin, se poursuivent et roulent sous les dernières roses. Je ne bouge pas, tant que je vois le monde je suis heureux. Il y a un instant la ville était blonde, maintenant elle est bleue.

bondissent sur mes chaises de jardin, se poursuivent et roulent sous les dernières roses. Je ne bouge pas, tant que je vois le monde je suis heureux. Il y a un instant la ville était blonde, maintenant elle est bleue.
(...)

J'écris en marchant, j'écris tous mes éblouissements, je bourdonne dans les chemins, mais écrire vraiment c'est avoir le courage de tirer une chaise devant une table, s'asseoir et saisir un stylo. Un stylo qui fait si peur et tant de bien dans les profondeurs de tout le corps, dès qu'il laisse des empreintes noires ou bleues dans les champs de neige du cahier. Quand j'écris le mot neige moi qui ai une vue si faible, je vois devant moi d'immenses étendues blanches et les forêts bleues des mots.
J'aime les grands espaces de lumière que fait jaillir l'automne. Si quelqu'un partait à pied des granits de la Bretagne et cheminait vers la Haute-Provence, il marcherait en dormant. La France est un doux vallonnement de vaches et de clochers. Brutalement ce marcheur se cognerait aux dentelles de Montmirail, au mont Ventoux ou à la montagne de Lure. Tout le monde se réveille à Malaucène ou à Nyons.


Je marche dans ce pays depuis mon enfance, j'en connais le moindre vallon, chaque pente boisée de Buis-les-Baronnies aux gorges pourpres du Cians et de Daluis. J'ai franchi en toute saison ces clues glaciales et ces plateaux où ne courent que l'ombre des nuages et le vent.
Je me souviens de tous vos rèves.
René Frégni
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