`` Si la musique nous est si chère c'est qu'elle est la parole la plus profonde de l’âme, le cri harmonieux de sa joie et de sa douleur ``- Romain Rolland
`` Si la musique nous est si chère c'est qu'elle est la parole la plus profonde de l’âme, le cri harmonieux de sa joie et de sa douleur ``- Romain Rolland
A toutes, à tous,
Pour
demain...
Et les autres jours....
******
Pour ce dixième jour de novembre au beau teint salué
Je vous offre ces mots lumineux tamisés ....
Que ce clair-obscur et plus précise-aimant
La plus douce saison qui tonne frisonne et plie
Au coeur flairé des satins de la vie.....
L'automne
"L'automne est un andante mélancolique et gracieux qui prépare"...
L'automne en dormance
Se pare se farde
Vêtu de vos mots vos sourires
Tristes de silence aussi
De robes d'élégance où nous nous enroulons
Dans nos châles-heureux...
De lin de laine
De longs effets lisette
Je souhaite qu'ici le temps qui roule se déroule
Se croque comme une gourmandise
Où je puiserai au corps à-paix-tissant
L'extra-ordinaire
Nourri par vos hymnes-âges vos mets vos mots
Dégoulinants en goulinettes fines
Brillantes comme un aure-or nouvel-aimant-né
En
choeur de vous
Offert
Lié
relié.
Den
****
Point
Je ne suis que le fruit peut-être
De deux lignes qui se rencontrent.
Je n'ai rien.
On dit partir du point,
Y arriver.
Je n'en sais rien.
Mais qui
M'effacera ?
Guillevic
Traduction des poèmes hongrois par Maria Maïlat
Après les trois romans de sa trilogie, Le Grand Cahier, La Preuve, Le Troisième mensonge, son dernier roman Hier, ses nouvelles C’est égal et son récit autobiographique L’Analphabète, nous pouvons lire aujourd’hui les poèmes d’Agota Kristof (1935-2011). Peu avant sa mort, elle les avait sortis de ses archives pour qu’ils soient édités.
Clous rassemblent les poèmes hongrois de jeunesse dont elle a intensément regretté la disparition au moment de quitter la Hongrie en 1956. Elle les a reconstitués de mémoire, en a ajouté de nouveaux, a choisi leur titre français mais ne les a pas traduits. Source d’inspiration de plusieurs proses, les poèmes sont restés inédits.
Ce livre bilingue constitue leur édition originale en hongrois et leur première traduction en français. Ils sont accompagnés de quelques poèmes écrits directement en français. On y retrouve le style tranchant d’Agota Kristof, ses thèmes, la perte, l’éloignement et la mort, mais aussi, largement déployés, la nature et l’amour.
biographie
Née en 1935 à Csikvand, Agota Kristof fuit la Hongrie en 1956 après une enfance marquée par la guerre mais aussi par la personnalité de son père instituteur et par les jeux avec ses deux frères. Le hasard veut qu’elle s’installe en Suisse à Neuchâtel, où elle travaille tout d’abord en usine. Elle y apprend le français, puis écrit pour le théâtre et réussit à faire jouer ses pièces. En 1986, Le Seuil publie son premier roman, Le Grand cahier, qui lui vaut un succès mondial. Agota Kristof est décédée en 2011.
autres titres du même auteur aux éditions ZOE
III
Quoi de neuf rien
comment vont les enfants
merci à présent seuls trois sont malades
les grands sont dans les magasins
ne vont pas à l’école
c’est égal
ils s’en sortiront d’une façon ou d’une autre et vous
rien de spécial il est devenu propre
notre chien sort dans la rue
uriner
parfois il neige
*
Une fois, plus tard...
Une fois plus tard je parlerai
de quelque chose de beau de douces
choses tendres avec une imperceptible
tristesse
un soir quand le ciel se remplira de beauté
quand les maisons se feront grises
et tout sera brouillard
Là sous la pluie
parmi les maisons monochromes
je parlerai de l'empire
des feuilles d'automne
car il sera octobre
Derrière le brouillard
vous vous taisez le col
relevé les mains frileuses
dans les poches
sans lumière comme l'ombre
Et la pluie glisse sur nos têtes nues
sous nos cols
douce tendre pluie
tombe sur les maisons sur les arbres et le ciel
devient toujours plus beau
Et la beauté descendra sur vous
avec une imperceptible
tristesse et vous comprendrez que
dorénavant ce sera toujours l'automne.
*
Sur la route
A présent inconnue parmi les ombres
furtives de la vitesse je ne sais plus
d'où je suis partie peu importe
la route sera aussi longue que la vie
auparavant au-dessus du pont
j'ai rencontré les arbres muets et je leur ai dit
pensez-vous encore
aux oiseaux envolés
aux oiseaux tombés
la forêt garda le silence et s'en fut plus loin
mais au-delà de tout cela
un coup d'oeil bleu vers les nuages
qui doivent apprendre
les parfums multicolores des fleurs
souples comme l'aube d'avril
où peuvent-elles être maintenant
toutes ces couleurs senteurs et voix
sur le sentiers de montagne recouverts de neige
elles se sont échappées au loin dans le silence
des ponts maisons gens
l'envol d'un baiser quoi de plus fugace
mais un baiser après tout et pourquoi attendre davantage
plus loin des bruissements sauvages sur le champ
les crevasses sombres et fascinantes
comme les yeux des amoureux au crépuscule
le vent gronde nous fonçons hurlant dans la nuit
un claquement et nous y arrivons
quelqu'un s'est trompé
pas encore non
trois mots de travers
le lune quitte le ciel
.*
Pas le vent
Le soir les lumières sombrent dans le silence
et nous prenons la route sur les galets du rivage
des ponts blancs
se balancent au-dessus de l'eau et déjà
l'horloge de la tour annonce minuit
ses gongs sont douze oiseaux noirs
ils nous montrent une lune parfaite
C'est pour cela que les arbres tremblent
non ce n'est pas le vent pas le vent
ton regard se refroidit
ton front se refroidit
Où vas-tu ici le sentier touche à sa fin
dans le mur
le maître a oublié de découper une porte
il n'y a même pas une seule brèche par laquelle
tu pourrais regarder de l'autre côté
il y a une seule possibilité
se mettre droit debout
« Je est un autre. » Arthur R.
À force de m’écrire
Je me découvre un peu
Je recherche l’Autre
J’aperçois au loin
La femme que j’ai été
Je discerne ses gestes
Je glisse sur ses défauts
Je pénètre à l’intérieur
D’une conscience évanouie
J’explore son regard
Comme ses nuits
Je dépiste et dénude un ciel
Sans réponse et sans voix
Je parcours d’autres domaines
J’invente mon langage
Et m’évade en Poésie
Retombée sur ma Terre
J’y répète à voix basse
Inventions et souvenirs
À force de m’écrire
Je me découvre un peu
Et je retrouve l’Autre.
Andrée Chedid
Poème inédit commandé par le Printemps des Poètes 2008
CONFINEMENT
"As-tu fini pour aujourd’hui
Cette bataille sans espoir
Que tu livrais aux pissenlits ?
Ils repousseront dans le noir.
As-tu laissé traîner la bêche
Près du muret de pierres vieux ?
Le crapaud a vendu la mèche.
Encore un jour, encore deux.
As-tu regardé dans la boîte
Juste à l’entrée, bringuebalant,
S’il y a du courrier qui date
Du jour d’après, du jour d’avant ?
Un coup de merlin sur la bûche
Et la voilà fendue en deux
Tu mets les morceaux dans la huche
Et ce soir, tu feras du feu".
Avril 2020
À vous,
"J’aime l’idée d’aimer au delà de moi. Mon cœur sort de sa cavité, investit mon corps par les pores de ma peau et m’emplis d’une émotion que je répands autour de moi. Je m’efface, je me soustrais pour faire de la place à cet amour qui se pose alentour. Je le distribue, je le dispense à qui veut en prendre, toi si tu en as besoin. Je le partage et à la fois, j’en récolte une part.
Cet amour est précieux, j’en garde au creux de mes mains pour le souffler un peu plus loin. À mesure que je le vois s’éloigner, j’en ai d’autres en réserve qui émerge du fond de mon âme.
Je suis solidaire, je suis bien, j’aime.
Je t’aime, tel que tu es. Oui, tel que tu es, tu me plais à t’aimer. Je t’aime simplement, je n’attends rien en retour. Pourtant je guette tes signes afin de me réjouir encore plus, encore longtemps. Je profite de tes mots que je reçois toujours avec bienveillance et bonheur. J’aime l’être que tu es, la personne que tu deviens et celle qui n’est plus. J’aime être avec toi, j’aime partager ce qui te touche, ce qui te plaît. Je pense à toi, je te devance, j’aime te préserver dans une bulle et te regarder avancer.
J’ai confiance, je suis bien, je t’aime. Je vous aime, vous que je ne connais pas. Je vous écoute et je prends l’essentiel. Je vous observe et parfois vous m’impressionnez. Dans ce cas, je vous aime pour ce que vous m’apportez. Je suis disponible, je suis libre d’aimer, je suis avec vous, je suis en vous parfois. Je vous aime pour ce que nous partageons; la beauté de la nature, le soleil, le vent et même la pluie. J’aime l’être que vous êtes, la couleur de votre peau, le ton de votre voix, les mots chantants de votre bouche, vos doigts pianotant sur les touches. Je vous aime pour ce que vous savez donner, pour ce que vous êtes, pour ce que vous deviendrez peut-être.
Je vous agrée , je suis bien, je vous aime.
J’ai eu envie de vous adresser ce texte que je viens d’écrire très humblement. Il s’adresse à tous ceux qui veulent bien le lire ou l’entendre.
Je vous remercie pour vos très belles émissions".
"Cher Covid, alias Coronavirus, ou coro de ton petit nom….
Cet après-midi, tu m’as fait pleurer.
Pas de tristesse non. D’un trop plein d’émotions, on va dire.
Je suis sortie prendre le soleil sur ma terrasse, et tout en sirotant mon café, j’observais mon petit Pierre pieds nus et en slip dans le jardin, en train d’arroser l’herbe, et ses pieds (et ses jambes, et ses bras et…)
C’est interdit d’utiliser le jet d’eau sans demander la permission à papa ou maman, mais ce petit bonhomme a pris l’habitude de se débrouiller pas mal tout seul, depuis que tu es entré dans nos vies, mon cher Covid.
Tu es entré plutôt doucement, tu sais, comme un « copain » qui arrive sur la pointe des pieds et qui, une fois qu’il a vu tes failles et tes faiblesses va devenir envahissant et bien lourdingue.
Et donc j’observais Pierre devenir de plus en plus mouillé (et ravi) et puis j’ai entendu ce petit oiseau, qui vient déjà me réveiller le matin et j’ai vu notre jeune frêne qui pour la première fois de sa vie sortait des bourgeons…et j’ai senti l’odeur du lilas….c’était tellement bon magnifique. Alors les larmes ont coulé.
Je t’ai été reconnaissante de me laisser jouir de tout ça.
J’ai décidé de te faire une petite place, je ne suis pas en guerre contre toi, tu le sais, je te l’ai déjà dit. Tu fais ton boulot de virus, mais tu t’en vas après.
Quand tu m’as fait un peu manquer d’air il y a quelques jours et que mon cher et tendre voulait appeler le SAMU, j’ai pleuré, parce que je ne voulais pas que ces hommes en combinaison blanche qu’on voit à la télé m’emmènent pour une destination inconnue.
Et puis je me suis souvenue que je n’avais pas les jambes épilées, et que ma culotte était moche. Et comme ma grand-mère me disait tout le temps, et que ma maman me rappelle régulièrement, on doit toujours avoir des sous vêtements convenables au cas où on ait un accident et que les pompiers t’emmènent.
Alors je t’ai dit que ça n’était pas le moment, et tu m’as rendu un peu de souffle. Tu peux pas savoir comme mes gosses étaient soulagés. Ils ont recommencé leurs trucs de gosses, pendant que moi je prenais toutes les 2 minutes mes constantes…ni bonnes ni mauvaises. Et puis…de jour en jour…plutôt pas trop mauvaises. Pas encore très bonnes.
Jour 21 quand même…tu as laissé les enfants et FX tranquilles au 14ème jour, et je te remercie pour ça.
On coopère assez bien, finalement.
Tous les matins je te remercie quand je me réveille et que je prends une plutôt grande inspiration.
Je sens que tu vas bientôt me rendre ma liberté.
Evidemment je suis en colère après toi pour tous ceux que tu arraches brutalement à la vie. Après, comme tu m’as dit, tu n’es pas le seul responsable, et je suis d’accord avec toi. Toi tu n’es qu’un virus. Et ça n’est pas ta faute si des hommes ont jugé que certains domaines financiers valaient plus que la vie d’Humains. Et ce n’est pas ta faute si des abrutis finis ne respectent pas du tout les gestes barrières par bêtise ou par égoïsme.
Je suis un peu lasse, tu sais…non pas de la douleur que tu provoques dans ma cage thoracique mais plutôt de cette inquiétude et de cette incertitude silencieuse.
Cher Covid….tu peux partir, j’ai compris beaucoup de choses ; je sais à présent apprécier la valeur de chaque instant.
Et je dois maintenant combattre au côté des soignants et des petits métiers qui nous permettent de vivre et qui souffrent.
On n’oubliera pas, et on sera avec eux. Pour toujours.
On va se battre.
Merci de me rendre tout mon air assez rapidement, il est temps pour toi de repartir en laissant les humains plus humbles et plus patients.
Cher Covid, ne le prends pas mal, mais tu ne me manqueras pas".
Anne-Laure
PRENEZ SOIN DE VOUS
MERCI D’ÊTRE À MES CÔTÉS, VOUS ÊTES MA FORCE.