"C'est le maître des nuits. C'est le maître des regards tournés en dedans.
C'est le maître aux paupières baissées. (...)
Il ne peignit pas de paysages, de ciels, d'eaux, de nuages. (...)
Il fit de la nuit son royaume. C'est une nuit intérieure : un logis humble et clos où il y a un corps humain qu'une petite source de lumière éclaire en partie. (...)
Un homme peint son semblable.
Il interroge, avec une confiance d'enfant, ce qu'il a sous les yeux.
Cette confiance qu'ont les enfants est aussi une consternation.
Il est fasciné par l'humanité de l'homme ; par le corps qui l'incarne ; par la peur qui le transit ;
par la mort qu'il redoute ; par la lueur qui l'éclaire. (...)
Une scène très charpentée condense une situation tellement simple qu'elle se transforme en un rébus mystérieux.
Alors l'image devient un piège où le spectateur - comme le peintre sans doute - se prennent. (...)
Devant La Tour, le Verbe lui-même est dans sa nuit.
Le silence est devenu la Passion du silence.
C 'est le dernier silence. (...)
Les oranges et les rouges de La Tour brûlent par-delà le temps, comme des braises, (...)
Les peintures de La Tour sont des images qui sont des énigmes.
Enigme veut dire ce qu'on laisse entendre sans le dire".
Pascal Quignard
La nuit et le silence. Georges de La Tour.
****
(Conf. : Sur les épaules de Darwin - émission de France Inter -
de Jean-Claude Ameisen)
du 14 février 2015
(rediffusion du 3 novembre 2012)
"Le lien qui nous rattache aux autres"
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Par Den :
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