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"le crayon et la plume"
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lundi 18 avril 2016

*Lili................





(...)  "Lili savait tout, le temps qu'il ferait, les sources cachées, les ravins où l'on trouve des champignons, des salades sauvages, des pins-amandiers, des prunelles, des arbousiers ; il connaissait, au fond d'un hallier, quelques pieds de vigne qui avaient échappé au phylloxéra, et qui mûrissaient dans la solitude des grappes aigrelettes, mais délicieuses. Avec un roseau il faisait une flûte à trois trous. Il prenait une branche bien sèche de clématite, il en coupait un morceau entre les noeuds, et grâce aux mille canaux invisibles qui suivaient le fil du bois, on pouvait la fumait comme un cigare. 

Il me présenta au vieux jujubier de la Pondrane, au sorbier du Gour de Roubaud, aux quatre figuiers de Precatori, aux arbusiers de La Garette, puis, au sommet de la Tête-Rouge, il me montra la Chante-pierre . C'était,  juste au bord de la barre, une petite chandelle de roche, percée de trous et de canaux. Toute seule, dans le silence ensoleillé, elle chantait selon les vents.  Etendus sur le ventre dans la baouco et le thym, chacun d'un côté de la pierre, nous la serrions dans nos bras ; et l'oreille collée à la roche polie, nous écoutions, les yeux fermés. Un petit mistral la faisait rire ; mais s'il se mettait en colère, elle miaulait comme un chat perdu.  Elle n'aimait pas le vent de la pluie, qu'elle annonçait par des soupirs,  puis des murmures d'inquiétude. Ensuite un vieux cor de chasse très triste sonnait  longtemps au fond d'une forêt mouillée. Lorsque soufflait le vent des Demoiselles alors c'était vraiment de la musique. On entendait des choeurs de dames habillées comme des marquises, qui se faisaient des références. Ensuite une flûte de verre, une flûte fine et pointue accompagnait, là-haut, dans les nuages, la voix d'une petite fille qui chantait au bord d'un ruisseau. Mon cher Lili ne voyait rien, et quand la petite fille chantait, il croyait que c'était une grive, ou quelquefois un ortolan. Mais ce n'était pas de sa faute si son oreille était aveugle, et je l'admirais toujours autant".  (...)

Le château de ma mère
Marcel Pagnol

Tome 2 - Souvenirs d'enfance

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Par Den :
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