La langue même dit cet abandon. en quatre syllabes fluides et mélodieuses. Ce mot insidieux touche en nous la part la plus faible. Il donne moins à penser qu'il n'invite à consentir.
Triste et belle "comme un grand reposoir", la mélancolie dit ensemble une tristesse et une plénitude.
Elle évoque une tristesse plénière, semblable à une tombée de pluie d'été. Comment cette forme heureuse d'absence au monde et à soi-même irait-elle sans complaisance, quand elle propose une manière d'exister
qui apprivoise la mort au sein de la vie même ?
Elle s'étend, nappe et enveloppe. L'indéfini est son royaume : une façon de se perdre et de se diluer, de se
couper du monde en cédant à un abandon languide, un acquiescement passif . Elle met le sujet en vacance,
voire en catalepsie.
Elle est le septième jour de la pensée, celui où l'esprit se contemple et reconnaît sa vanité. Diabolique, elle agit comme un philtre, une drogue, un baume. Elle reconduit dans l'espace de l'indistinct"(...)
Jean-Michel Maulpoix
Mercure de France (1996)
(extrait de La poésie malgré tout)
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