(...)
"J'avais envers l'existence une si haute exigence que rien ne pouvait y répondre.
Poussée par une force innommable, aveugle à tout autre chemin que celui dicté par cette exigence
et sourde à ce qui cherchait à m'emmener ailleurs, je voulais comprendre la destinée de cette matière complexe et magnifiquement organisée qu'est le vivant, et je ne pouvais me résoudre à penser que cette structure riche et efficace n'a pour but que la simple satisfaction d'une chaîne de besoins élémentaires.
L'arbre n'existe-t-il que pour traverser les saisons ?
La chenille n'est-elle que pour le papillon,
la rose pour l'abeille,
l'insecte pour l'oiseau,
le jour pour la nuit,
la naissance
pour la mort ?
La chenille n'est-elle que pour le papillon,
la rose pour l'abeille,
l'insecte pour l'oiseau,
le jour pour la nuit,
la naissance
pour la mort ?
Et comment peut-on avoir la vie sans jamais en posséder la moindre parcelle ?
Au-delà du temps qu'elle écoule, me disais-je, la vie nous destine sans doute à l'accomplissement, à une réalisation marquée par la difficulté, la contrainte, l'obstacle à vaincre, souvent dans la souffrance, et qui vaut d'être hanté par un toujours plus qui, en quelque sorte, voue cette quête à l'impossible.
Avant tout, je voulais être fidèle à cet idéal qui me harcelait et ne cessait de murmurer à mon oreille que la cible était devant, sans cesse devant, et qu'il me fallait continuer d'avancer sur ce chemin qui ne faisait que creuser en moi un vide, et accentuer au-dehors le manque que je ressentais.
J'avais soif d'absolu ; tout de la vie n'était que relatif.
J'étais en quête d'éternité ; je me heurtais au périssable. Je désirais la lumière et pourtant je ne cessais de me débattre, attachée à la noirceur qui m'était si familière . Je cherchais la demeure du sens et ce que peut vouloir dire habiter la Terre.
Plus que tout, sans doute, je m'efforçais de trouver ma propre maison, cet abri que l'on est seul à pouvoir construire pour soi-même.
Cependant, pensais-je, il se pouvait fort bien que le vivant et l'expérience que nous faisons de la vie à travers les jours, les événements, les liens que nous créons, n'aient aucune direction ; que toute cette matière n'ait pour dessein que sa création et aucune autre visée que son existence même dans la vastitude du cosmos impénétrable. Il se pouvait que le sens ne soit jamais que la route,
que le cycle des saisons,
soit véritablement le sens de la vie.
Et ce plaisir du chemin pour lui-même,
c'est à travers cette matière qu'est le langage que j'en ai fait pour la première fois l'expérience".
Hélène Dorion
Commencements
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J'avais soif d'absolu ; tout de la vie n'était que relatif.
J'étais en quête d'éternité ; je me heurtais au périssable. Je désirais la lumière et pourtant je ne cessais de me débattre, attachée à la noirceur qui m'était si familière . Je cherchais la demeure du sens et ce que peut vouloir dire habiter la Terre.
Plus que tout, sans doute, je m'efforçais de trouver ma propre maison, cet abri que l'on est seul à pouvoir construire pour soi-même.
Cependant, pensais-je, il se pouvait fort bien que le vivant et l'expérience que nous faisons de la vie à travers les jours, les événements, les liens que nous créons, n'aient aucune direction ; que toute cette matière n'ait pour dessein que sa création et aucune autre visée que son existence même dans la vastitude du cosmos impénétrable. Il se pouvait que le sens ne soit jamais que la route,
que le cycle des saisons,
soit véritablement le sens de la vie.
Et ce plaisir du chemin pour lui-même,
c'est à travers cette matière qu'est le langage que j'en ai fait pour la première fois l'expérience".
Hélène Dorion
Commencements
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L'interrogation demeure :-)
RépondreSupprimerSuperbe texte, superbe page, Den ! Pour nous aider à poursuivre notre propre recherche et en saisir toute la beauté.
Bonne fin de semaine à toi !
... Le questionnement demeure toujours pour chacun, chacune d'entre nous... mais j'ai trouvé que les mots d'Hélène Dorion parvenaient à exprimer fort bien "cette soif d'absolu"... "cette quête d'éternité"... et transcrire sur le papier nos propres interrogations..
RépondreSupprimerMerci pour ton commentaire Fifi...
Bon week-end à toi.
Den
Tout s'imbrique, le jour la nuit la vie la mort, le saisons, le cours des fleuves et le flux des océans, tout est essentiel, on peut s'interroger, mais vivre vivre vivre chaque instant c'est déjà en soi un miracle !
RépondreSupprimerBises Den
La vie est un éternel recommencement, "différents sillons d'une même spirale" (Hélène Dorion)....................en écho.. en perpétuel mouvement, comme la vie... "les mots pour moi sont des guides. Je les laisse aller devant"..
SupprimerMerci Marine de venir ici déposer si gentiment ton comment-taire !
bon week-end à toi.
Bisou.
Den