A côté du bassin commençait le domaine des rosiers, de grands buissons qui donnaient le nom de "Rosenthal" à la propriété.
Je prenais un grand plaisir à frotter mon nez sur le visage des fleurs et à respirer leurs senteurs de poivre, d'épices, de miel ou de citron.
C'était fascinant de suivre l'évolution des boutons qui s'ouvraient peu à peu. Déployant des pétales soyeux.
ils s'étiraient et s'ouvraient langoureusement.
Je les trouvais d'une perfection miraculeuse. (...)
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Ma mère aimait beaucoup les fuchsias. Elle en avait planté de grands buissons dans deux énormes bidons d'essence recyclés en pots.
Ils étaient placés de chaque côté de la porte d'entrée sur la véranda.
J'avais une préférence pour ces fleurs et leurs boutons que je pressais entre le pouce et l'index ;
ils éclataient en émettant un petit "pop" joyeux. J'aimais aussi les roses pompon qui couvraient la partie droite de la véranda et qui fleurissaient en abondance au mois d'octobre.
J'en arrachais les pétales par poignées pour les lancer et les voir retomber comme une averse de petits flocons crème'.
Le toit de notre terrasse s'appuyait sur des poteaux en bois embrassés par des plantes grimpantes qui finissaient par se rejoindre. Une vieille vigne étreignait toute la partie gauche de la maison, nous offrant des grappes de raisins blancs sucrés et pulpeux.
Sur le côté droit, une bignone se mêlait au rosier pompon entrelacé d'une glycine. Cela faisait l'effet d'entrer dans une immense tente verte et fraîche, très agréable en été.... (...)
Sur le côté droit, une bignone se mêlait au rosier pompon entrelacé d'une glycine. Cela faisait l'effet d'entrer dans une immense tente verte et fraîche, très agréable en été.... (...)
(photos empruntées sur la toile)
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Nous étions fiers de notre jardin et on y prenait beaucoup de photographies, surtout quand nous recevions des visiteurs. Le plus souvent nous nous installions sur les marches du perron qui étaient assez larges pour y placer tous les cousins, oncles, tantes ou amis de passage.
Je n'aimais pas ces séances de pose, car il fallait rester sans bouger avec le soleil en face ; les gamins grimaçaient et plissaient les yeux.
Ma mère par contre étaient toujours radieusement belle. Mon père aussi était très photogénique, mince et élégant, sa pipe à la main.
Il portait des lunettes à monture d'écaille, ses cheveux bruns étaient relevés de son grand front et lissés en arrière.
Son nez était long et droit et sa moustache bien taillée.
Quand j'étais petite, j'aimais beaucoup les câlins de ma mère parce qu'elle sentait bon le parfum.
Elle était si belle avec sa peau lisse et mate, ses yeux verts, ses cheveux courts et ondulés, d'un brun presque noir. Elle avait une silhouette voluptueuse, des seins plantureux et un corps solide sur de longues et belles jambes bien galbées, aux chevilles fines.
Je la trouvais ravissante habillée "en ville", avec ses collants soyeux, ses chaussures à talons hauts, son collier de perles et ses boucles d'oreilles assorties, et ses lèvres peintes d'un rouge ardent.
Son sourire révélait des dents parfaites. Pendant qu'elle faisait sa toilette, je l'observais avec admiration. Je fouillais dans son armoire, dans ses boîtes de foulards de soie qui sentaient son parfum.
Ses petits coffrets de bijoux me fascinaient. Je ne me lassais pas de les sortir tous pour les étaler sur la moquette.
Ses petits coffrets de bijoux me fascinaient. Je ne me lassais pas de les sortir tous pour les étaler sur la moquette.
Le meilleur moment, c'était les soirs de bain en hiver. Quand j'avais fini de me savonner et de me rincer dans la baignoire, je criais très fort : "serviette chaude". Mon père apparaissait avec ma grande serviette qu'il avait laissé chauffer sur le garde-feu. Il me sortait de l'eau et m'enveloppait dans ce grand voile doux et chaud, me frictionnait vigoureusement
et m'emportait dans ses bras jusque devant l'âtre pour m'aider à enfiler mon pyjama. Ensuite, il me prenait sur ses genoux. J'appuyais ma tête contre son épaule et, à l'abri de ses bras, j'écoutais mon conte du soir........... (...)
et m'emportait dans ses bras jusque devant l'âtre pour m'aider à enfiler mon pyjama. Ensuite, il me prenait sur ses genoux. J'appuyais ma tête contre son épaule et, à l'abri de ses bras, j'écoutais mon conte du soir........... (...)
Juliet Schlunke
Rosenthal une enfance australienne
collection main de femme
éditions Parole
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Bonsoir chère Den, ton billet est très beau et les mots de Juliet Schlunke qui se lise avec ravissement et que tu as joliment mis en valeur par tes photos. J'aime beaucoup.
RépondreSupprimerDouce soirée et mes bisous ♥
Merci ma chère Denise... je te souhaite une douce soirée.
SupprimerAmicalement à toi.
Den
Quel beau portrait, j'adore ! On pense toujours un peu à sa maman, quand elle s'habillait, à ses belles années, on a beau dire on les regrette toujours !
RépondreSupprimerQuel beau jardin, bientôt des fleurs...
Merci Den
Et oui, le temps passe si vite ! comment faire pour le retenir.... à part vivre l'instant présent, ici et maintenant, le mieux possible...
SupprimerJuliet Schlunk parle tellement bien de cette époque, quand elle était petite fille..elle s'en souvient... ce rapport aux parents qu'elle aimait tant... puis du drame qu'elle a vécu par la suite, qu'elle a voulu rayé de sa mémoire... et que finalement, trente ans plus tard elle a mis en mots ressentis, pour notre plus grand bonheur...
Un doux dimanche je te souhaite, Marine.
Den