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"le crayon et la plume"
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dimanche 17 mai 2020

*Ma fille me manque


Textes, poèmes, et lettres d’intérieur d’auditeurs (semaine 5)

 


Getty

"Ma fille me manque.
Je l’entends toute la journée.

Le matin, je me réveille quelques secondes avant toi. Systématiquement.
Ce lien animal, cet état de veille instinctif qui s’active dès que le bébé a besoin est toujours en moi. Je ne le ressentais plus mais face à cette privation il me déchire les entrailles.

Je t’aime tellement fort.
Je t’entends pleurer ou appeler et figer je ne peux plus bouger.
Aux aguets j’attends. J’ai peur que personne d’autre n’entendent. Que tu te sentes seule, abandonnée.
Alors vite je me jette sur mon téléphone pour écrire à ton père. “Viens s’il te plait elle pleure !” “Elle est réveillée elle appelle !” 

Nous avons pris cette décision pour te protéger. Toi et les autres. Mais qu’est ce que c’est dur.
Les murs sont comme du papier à cigarette. Mes oreilles torturent mon corps.
Quand tu ris je suis contente, soulagée. Un poids s’envole dans ma poitrine et je peux enfin me relâcher, faire autre chose qu’écouter.

La ville te manque. Tu répètes “On y va. On y va !” Tu parles du manège, du toboggan.
Je te promets 1000 tours même si d’habitude au bout de 2 je manque de tourner de l’oeil. C’est vraiment un truc d’enfant les manèges.

J’essaye de disparaître. Je suis le fantôme de la pièce du fond. 

Un fantôme très propre. Il faut se laver, se relaver de la tête aux pieds. Changer de vêtements, les laver même porté une fois. Se laver les dents, cracher puis nettoyer le lavabo à la javel. J’ai retouché le robinet… repasser de la javel. Ne rien laisser traîner, ne laisser aucune trace si ce n’est celle de l’odeur de la lingette désinfectante sur les poignées de porte. 

Manger ou boire j attends. J’oublie mes besoins, la priorité c’est que tu ne me vois pas. Je ne suis pas là. Car quand j’étais là sans être là. Sans pouvoir vraiment te toucher. Tu n’as pas compris et tes pleurs ont déchiré mon coeur. J’ai fait le choix de te préserver en me cachant.
Je joue à cache cache avec toi mais tu ne sais pas que je me cache. Il n’y a qu’un joueur dans cette triste version. 

J’essaye de disparaître, de me dissocier de la maison. 

La nuit quand tout le monde dort je me risque à franchir la barrière invisible du couloir. Je jette un oeil, je n’allume surtout pas les lumières. Je respire enfin un petit peu". 



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Par Den :
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