Je reconnais avoir de la chance, moi l'enfant en devenir....
Ici, j'y ai appris la vie.
Je n'ai rien oublié, ni la saison ô combien douce en ce début d'automne, ni le tic-tac de l'horloge qui s'amuse en rythmant les heures qu'on aimerait arrêter, ni l'odeur du soufre qui a suivi le déclenchement d'une pluie inespérée sur l'aire, par l'éclatement des nuages, pour ne pas perdre la récolte, ni l'odeur de la terre remuée par la bêche, ni le raisin foulé aux pieds dans les immenses cuves, ni l'odeur forte de ce qui deviendra un bon vin.
J'ai beaucoup de chance.
J'ai retrouvé le vent dans les grands arbres, les oiseaux et les papillons qui s'y promènent, le jardin-potager tapi après la maison des maîtres, là, en bas, avec ses rangées de légumes bien rectilignes, et ses arbres fruitiers.
Pour les cultures potagères, j'ai retrouvé la transmission des savoirs par mes oncles, ainsi que le soin apporté à leur production, au matériel agricole, le travail et l'amour de la terre, du terroir... : comment on taille les arbres, comment on pince leurs branches, les tiges pleines de sève, comment on greffe les tomates, les rosiers, les cerisiers, comment on cueille les fruits puis on les range dans des paniers, comment on trace des rigoles près des légumes pour leur irrigation, l'alimentation au goutte au goutte.
tout ça....
j'ai tout retrouvé...
J'ai gardé au plus profond de moi le souvenir d'intenses matins gourmands alors que le soleil se lève à peine, les copieux petits-déjeuners avec Léon mon grand-père, les tranches de saucisson découpées avec soin et servies avec un bon pain de campagne.. en cachette... et au désespoir de maman qui me juge un peu trop petite pour de tels petits-déjeuners aussi riches.
Entre campagne et ciel, les gestes n'ont pas changés, années après années.
J'ai retrouvé alors que je le croyais disparu de ma pensée, le temps des vendanges prometteuses avec la récolte des raisins parvenus à maturité, l'embauche des travailleurs saisonniers pour huit ou quinze jours, selon la vendange, et qui reviennent par bonheur tous les ans.
Les grappes cueillies avec délicatesse, couchées dans d'immenses paniers, et installés dans le tombereau à la fin de la journée, direction le pressoir pour la pesée.
Les paniers sont déversés dans la cuve vinaire, dans laquelle on foule, écrase, piétine, tasse le raisin fermenté, pieds-nus jusqu'à ne laisser qu'une grappe sans grain ni jus.
J'ai retrouvé les "gueuletons" de fin de vendanges préparés par maman, Camille, devant le pressoir, ou près des vignes.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Par Den :
Ecrire un commentaire :
Liens vers ce message :
Créer un lien :