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Bienvenue dans mon nouvel espace
"le crayon et la plume"
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mercredi 19 septembre 2012

*J'ai entendu, et entendu à nouveau, le murmure des temps passés....

Gustave taille les arbres, je ramasse les branches jetées à terre, une à une, et je les entasse en un moulon de plus en plus gros. Je transpire, heureuse de rendre service à mon oncle. Camille range les chambres et secoue les draps, les oreillers. Je l'entends chanter "bambino, bambino"...
Quand le vent s'insinue partout et se glisse entre les portes et les fenêtres, quand le roseau s'incline un peu trop loin risquant une cassure, comme le saule pleureur au bord du ruisseau penche son immense chevelure pour la mirer dans ses eaux, quand la fleur exhale le meilleur de son parfum, je me souviens d'eux, mes amis,
je n'ai rien oublié de ce temps même si certains détails s'effilochent dans mon esprit en clair-obscur.



Là, seule sur ma page d'écriture, j'ai aussi retrouvé ma peur des rapaces tournoyant, pour un éventuel rapt d'enfant désobéissant, comme dit maman, ce qui m'impressionne et me parcourt de frissons, au-dessus de la bâtisse ou du jardin ou sur le chemin qui mène à la maisonnette.

Là encore, je regarde dans la belle demeure des maîtres, par la fenêtre, en cachette, et j'aperçois telle une voleuse, celle qui n'aurait pas le droit de scruter d'un regard envieux, plutôt admiratif, les beaux meubles anciens, ni sentir l'odeur de la cire qui transpire jusque hors de la bâtisse cossue qui respire. Le tapis de cheminement, gardien des lieux, est en velours rouge incarnat, rouge clair et vif à la fois, entre la couleur cerise et le rose.



C'est en ce lieu,  et dans la propriété,  je crois, que sera tourné le film franco-italien réalisé par Léo Joannon en 1967, "les Arnaud".
Mais pour l'instant nous sommes en 1952, et cette réalisation n'a pas encore eu lieu.

J'en ai entendu parler bien plus tard.

Tout me manque.

Ce n'était pas encore le temps de l'urgente invitation, attaché que l'on est au fil invisible, mais toujours présent de l'immédiateté froide, trop étourdi par elle, qui permet un sentiment de toute puissance, pourtant ficelé à la baguette que l'on croit magique, un fil à la patte, qui entraîne l'esclavage dans notre espace-temps...

société qui écrase... qui accapare et prend trop de temps..

C'était le temps du lâcher prise...

J'ai retrouvé avec bonheur  les soirées qui durent et s'achèvent quand la lumière du ciel hésite encore à s'endormir pour un début de nuit pleine d'étoiles.

On s'est réuni entre nous, sur le pas de la porte, quelquefois rejoint par le berger qui raconte une nouvelle histoire tirée des légendes du pays.

On se souvient de son souffle court au pâtre, plein de l'accent chantant de chez nous, qui rallonge le mot de la phrase par un "hein", attaché à la rêverie, il raconte, et ceux qui écoutent connaissent l'histoire maintes fois racontée...

J'ai entendu, et entendu à nouveau, le murmure des temps passés qui ressurgit maintenant dans ma mémoire, dans de vieux souvenirs...

Ma peine est si grande de l'oubli que l'on a fait de cette période, de ces gens simples, mais ô combien remarquables remplis de la connaissance et de la sagesse de la terre, de la lune, des moissons...de la nature, du temps où on l'écoutait religieusement.

Les nuits continuent de s'habiller des silences profonds de ces hommes si bien mêlés à leur  terre, nos aïeux, courageux, qui perpétuent la mémoire paysanne et racontent la chaleur impudique des draps voluptueusement froissés, dans leurs chambres maritales, et le bruit craquant du foin que l'on accroche au bout de la fourche.

Ils n'ont jamais emprunté de raccourcis nos pères, mais les chemins les plus longs, les plus escarpés, les plus difficiles, pour se mesurer à eux, respirant à pleins poumons cette nature qu'ils aiment, toujours bienveillante à leur égard, au rythme répété des saisons.

J'ai déposé ici, quelque part leurs ombres silencieuses, comme on stoppe le temps, et le tic-tac de l'horloge que l'on remonte invariablement...ici..



Den

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